De Bissonno villa Burdegalensi (1)

Est locus,æstifero quamvis sit tempore fervor,
Quo viret assidue flore refectus ager,
Respirant croccis depicta coloribus arva,
Fragrat odoriferis blandior herba comis.
Incola Bissonnum vocat hunc de nomine prisco
(milia septem urbs ninc Burdegalensis abest) ;
Qua possessor amans prætoria grata locavit,
Partibus atque tribus porticus æqua subit.
Straverat ipsa solo senio rapiente vetustas,
Perdiderat vultum forma decora suum :
Hæc meliore via revocat labor ille Leonti,
Quo præsente domos nulla ruina premit ;
Nunc quoque prosperius velut aula sepulta resurgit
Et favet auctori vivificata suo.
Reddidit interea prisco nova balnea cultu,
Quo recreant fessos blanda lavacra viros.
Hic referunt nutrisse lupos deseria tenentes :
Intulit hic homines, expulit unde feras.

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De la villa Bisson, près de Bordeaux

Il est un lieu où, quelle que soit l'intensité de la chaleur, la campagne est toujours verte et fleurie. Des fleurs aux teintes safranées embaument la plaine des odeurs qu'elles exhalent ; l'herbe même y est parfumée. Les habitants l'appellent Bisson, qui est son nom ancien. Il est à sept milles de Bordeaux. Son heureux possesseur y a élevé des constructions somptueuses et charmantes, avec des portiques (2) de grandeurs égales sur trois côtés. Le bâtiment primitif était tombé de vieillesse et n'avait plus ni beauté, ni forme ; Léonce l'a refait sur un meilleur plan, et il est garanti contre la ruine par la présence de son fondateur. C'est maintenant comme un palais enseveli qui sort plus beau des décombres et qui applaudit à l'auteur de sa résurrection. Cependant les salles de bain ont été faites dans le style ancien, et il y a des baignoires commodes pour les gens fatigués qui veulent réparer leurs forces (3). Des loups, dit-on, habitèrent jadis ces lieux abandonnés ; Léonce a chassé les bêtes et y a ramené des hommes.

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(1) FORTUNAT Venance ,Poésies mêlées, traduites en français pour la première fois par M. Charles Nisard,...,Paris : Firmin Didot, 1887, Livre I, XVIII, p. 57, Collection des auteurs latins
(2) Selon le traducteur, ces portiques étaient sans doute l'un en façade et les autres aux deux côtés ou ailes du bâtiment.
(3) Id., balnea exprimait le plus ordinairement chez les Romains un établissement de bains, où il y avait des bassins dans lesquels on pouvait nager. Les gens fatigués dont il est question ici, se baignaient à part dans des lavacra ou baignoires.